La prophétie de la folle, sourde, muette, aveugle, prophète et femme du savant fou

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Première partie

Tout commença un matin enneigé, alors que la glace recouvrait les terriers et que les lapins ne pouvaient plus sortir. Cela obligeait le chef du clan des Rabbits (Lapin frappant le plus fort dans le clan) à utiliser sa force extraordinaire pour débloquer les portes et parfois les faire éclater en morceaux.

Comme d’habitude, le creuseur et la cruiseuse se disputaient tout joyeusement car la cruiseuse avait cruiser une branche morte à la place de la terre et le creuseur était jaloux.

Comme d’habitude, le videur de courges pour faire des lanternes à Halloween épluchait ses carottes pour faire des bouillons à donner aux vieilles madames malades, mais qui allaient à la poubelle puisqu’il n’y avait PAS de vieilles madames malades, car il devait attendre à octobre avant de commencer à vider des courges pour faire des lanternes à Halloween.

Comme d’habitude, la femme du chef des Rabbits faisait des enfants, mais puisqu’elle était stérile, elle n’en faisait en réalité pas.

Comme d’habitude, le ministre de la bouffe… Bouffait… Parce que c’était le matin et il avait faim, et que étrangement il était le seul à manger, donc on aurait pu le considérer comme étrange, mais en fait ce sont les autres qui ne pensaient pas à manger et qui étaient tout simplement idiots.

Comme d’habitude, le ministre s’entraînait à se draguer lui-même devant son miroir pour le jour où il aurait enfin le courage de se faire une déclaration d’amour.

Comme d’habitude, le cueilleur et la cueilleuse se disputait comme tout couple totalement inintéressant et dont nous ne trouvons jamais rien à dire, car même le métier qu’ils font est inintéressant, leur personnalité est inintéressante, leur repas sont inintéressants, leur terrier est inintéressant, TOUT ce qui les concerne est inintéressant, et ça ne vaut vraiment pas la peine de faire parler d’eux, donc je passerai aux prochains, car comme d’habitude le cueilleur et la cueilleuse cueillaient… Ou plutôt ne cueillaient pas et ne faisaient rien, car nous étions en hiver et c’est difficile de cueillir en hiver, et puisqu’ils sont inintéressant, ils ne s’intéressent pas à eux même à essayer de trouver un moyen de cueillir de la nourriture pendant l’hiver et ainsi ne plus devenir inintéressant.

Comme d’habitude, le ministre militaire était en relations extérieures… À l’extérieur.

Comme d’habitude, le savant fou était ficeler au le fond d’un placard, au fond d’une pièce, au fond d’un couloir, au fond de la cave, au fond du terrier, au fond de la grande contrée des Plates-Bandes, et tout ça pour qu’il ne crée aucune invention qui pourrait détruire la contrée, et donc tout les lapins, ce qui ferait en sorte d’arrêter mon histoire à cet instant, et je suis certaine que vous voulions savoir la suite.

Comme d’habitude, le chef des Rabbits avait fait la fête jusqu’à cinq heures du matin et il n’avais pas l’esprit très clair.

Comme chaque jour, la peste troublait la paix et l’équilibre de tout le monde, mais, ce matin-là, elle décida de s’en prendre au chef des Rabbits, fait inhabituel. Elle se rendit dans le terrier de son père et dit en entrebâillant la porte bruyamment :
-Chef des Rabbits… C’est moi, la folle, sourde, muette, aveugle, prophète et femme du savant fou. J’ai une prophétie vous concernant, venions me voir quand vous serions bien réveillé pour en connaître le contenu.
Et la peste partit.

Le chef se rendit au terrier de la folle, curieux de s’informer de ce qu’elle avait de si important à lui dire. À sa grande surprise, il ne put décrypter la prophétie. La folle ayant prédit que l’on se moquerait d’elle ce jour-là, elle crut que c’était ce que le chef faisait et le provoqua en duel de « qui frappe le plus fort? », ceci étant le jeu qui détermine qui est le chef. Elle écrivit sur une feuille le défi, et puisque seul le savant fou était capable de décoder son écriture, on le libéra pour qu’il puisse en faire la traduction.

Tout le clan se rassembla pour assister à l’événement. Le juge habituel, le ministre militaire, étant en relations extérieures… à l’extérieur, il ne put juger de l’état de santé physique et mentale des candidats. Ce fut donc le savant fou qui le fit. Vous comprendrions donc pourquoi la folle put participer.

Le chef des Rabbits n’essaya pas de gagner. En effet, en voyant la folle le provoquer en duel, il crut que c’était ce que la prophétie avait révélé à la folle, sourde, muette, aveugle, prophète et femme du savant fou était qu’il devait perdre. Superstitieux comme il était, il ne frappa pas fort quand vint le moment de le faire, et la folle, sourde, muette, aveugle, prophète et femme du savant fou arriva, de sa maigre patte blanche, à frapper plus fort que lui.

Désormais, au grand désarroi de tous, le chef était la folle, sourde, muette, aveugle, prophète et femme du savant fou…

Deuxième partie

Un silence de stupeur suivit la nouvelle. Les yeux étaient écarquillées, les gueules béantes, les oreilles dressées et certaines langues pendues. Les lapins du clans, comme vous le savions, sont des plus déjantés (qui déjante -> cinglé, fêlé), mais pas tous au point de laisser passer une telle horreur. Un si grand changement dans l'organisation du clan, c'était du jamais vu, d'autant plus que si la folle devenait le chef, cela risquait gros pour l'avenir des Rabbits.

Le ministre, dans un ultime cri de désespoir, fit :
-NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON!
Ce que le (ex-) chef s'empressa d'approuver.
-Ça peut pas être la folle le chef, vous vous rendions compte de ce qu'on pourrait devenir?!
Le (ex-) chef, le videur de courge pour faire des lanternes à Halloween, le cueilleur, la cueilleuse et la cruiseuse l'encouragèrent vivement dans son affirmation.
-De toute manière, si on devait changer de chef, ça devrait être moi! ne put-il pas s'empêcher d'ajouter.
On entendit alors résonner derrière lui des « Boff... » hésitants.
-De toute façon c'est ça la règle, dit Lapinou, le ministre de la bouffe, d'un froid indifférent, presque moqueur.
La femme du chef, la peste, le creuseur et la folle s'empressèrent de se ranger derrière lui en opinant du chef (et là on parle de la tête et pas du lapin).
-Ah ouais, puisque c'est comme ça, ben j'te défis au TapTapTap!!! s'exclama le ministre.
Les deux duelistes se placèrent l'un en face de l'autre tandis que le reste du clan formait un cercle autour d'eux. Soudain, le ministre de la bouffe s'empara du cueilleur et vint le placer devant lui en déclarant :
-Je choisis un représentant.
-Mais attend, j'suis pas d'ton côté! s'écria le cueilleur désamparé, à qui personne ne prêta attention.

« Dans le Rabbitclan, pour régler un conflit, ils font le jeu du Taptaptap (le jeu qui est seulement avec 2 personnes, et où tu recharges tes fusils (tes doigts), tu tires ou tu fais le bouclier... Si vous comprenions pas c'est quoi, c'est pas trop grave, c'est simplement pour dire que c'est un jeu auquel les tits enfants jouent.). Le perdant après veut toujours battre le gagnant, et selon sa force, il arrive à battre l'autre au pas. S'il arrive à le battre, alors ils ne savent plus qui est le vrai gagnant et décident de faire une éthique de la discussion. Mais puisqu'ils ne savent pas ce qui n'est poétique*, ils se mettent à se battre en oubliant le conflit de départ.
Quand ils ont un conflit à plusieurs, ils font tous en même temps Taptaptap, alors c'est l'anarchie totale car ils ne savent pas qui a gagné. À ce moment-là, ils décident d'appeler le chef des Rabbit, mais comme d'habitude il ne voulait pas être dérangé, et il les bat tous en disant qu'il règlera le conflit ''entre deux lapins''*. À cause de ça, les lapins font un registre des conflits qui doivent être réglés ''entre deux lapins''. »
(Extrait du Flash Info, Rabbitclan, https://la-communaute.1fr1.net)

Après une longue, très longue, trop longue partie de TapTapTap, le cueilleur finit par accidentellement gagner. Le ministre ne put accepter sa défaite et dans un dernier espoir de sauver le Rabbitclan (peut-être un peu devenir chef aussi...), il sauta violemment sur le cueilleur, engageant un combat sans pitié. La femme du chef sauta dans la bataille en criant :
-Le pouvoir aux femmes!

Puis le videur de courge alla rééquilibrer le tout. Le creuseur et la cruiseuse se regardèrent un court moment, puis finirent par se jeter l'un sur l'autre. Le cueilleuse, gentiment assise dans son coin, fût dérangée par les envies meurtrières de la peste. Pendant ce temps, Lapinou alla se chercher une carotte à grignoter et s'installa devant la bataille comme devant sa télévision.

À la surprise générale, quoi que personne ne remarqua, le ministre militaire entra dans le terrier. Voyant la mêlée générale, mettant de côté son envie d'y participer, ordonna à tous d'arrêter et de lui expliquer la situation. Il ne comprit mot des explications confuses et désordonnées qu'on lui fournit, puis s'en retourna d'où il était venu, affirmant qu'il avait à faire à l'extérieur.

L' (ex-) chef rappela à tous que lors d'un conflit général, c'est le chef qui devait trancher. Lapinou rappela que, d'ailleurs, c'était maintenant la folle qui était le chef, espérant qu'ils se jettent à la gorge les uns des autres. Le savant fou, dans un étrange éclair de lucidité, évoqua l'incapacité de la folle à comprendre et se faire comprendre. Puis, de retour à son état normal, annonça qu'il pouvait procéder à une opération d'inversion des rôles.


Le lendemain, dans le plus sombre et plus profond des terriers (vous savions, celui qui a un placard...), tous étaient réunis pour la cérémonie. Le savant fou demanda aux autres lapins de s'installer en cercle autour de l' (ex-) folle et l'(ex-) chef, qui s'étendaient sur une grande table blanche. Il leur demanda ensuite de faire dos au centre du cercle, puis de sauter sur un pied, l'oreille droite dans la bouche, le bras gauche tapant sur le ventre et le bras droit tournant l'oreille gauche. Tous plantèrent dans un même mouvement. Le savant fou s'indigna que personne n'est respecté sa consigne, et leur demanda de bien vouloir continuer jusqu'à ce que la cérémonie soit terminée, ajoutant que si l'un d'eux se trompait, ils devraient tout recommencer depuis le début.

On entendit des soupirs de désespoirs et protestations et la cérémonie commença. Tout le monde étant trop occupés à se concentrer sur les mouvements complexes qu'ils devaient accomplir (le fait qu'ils tournaient dos à la table aida un peu), personne ne remarqua l'abominable expérience que le fou pratiquait sur les deux lapins.

Le savant fou disposait sur la table une cie, une hache, une aiguille à coudre, beeeen du fil, une paire de ciseaux, un stylo-bille, une clé à mollette, un bâton de hockey et une pince en silicone de 26 cm, couleur prune, de la marque « J'aime ma cuisine ».

Troisième partie

ATTENTION.
L'extrait qui suit peut ne pas convenir à tous publiques, coeur sensible et moins de 12 ans s'abstenir, à moins de la permission d'un parent (ou d'un lapin, ça va aussi).

Le savant fou demanda au ministre de la bouffe si il voulait bien accepter d'être son assistant et par la même occasion, s'il pouvait bien appeler celui-ci Igor dans la prochaine heure. Lapinou accepta, un sourire sadique aux lèvres.
Il fallait à présent commencer l'opération.
-Anesthésiant.
-Anesthésiant! répondit Igor en lui passant le bâton de hockey.
Le chef tenta de s'opposer en se relevant d'un coup mais se cogna contre le bâton de hockey au passage et retomba, assomé. Le ''médecin'' réfléchit un instant.
-Je connais ma femme... elle a la tête dur... il va falloir quelque chose de plus robuste.
-Quelque chose de plus robuste! répéta Lapinou en lui passant la clé à mollette.
Le savant fou releva tendrement la tête de sa femme et l'assoma d'un puissant coup.
-Stylo.
-Stylo!
Après avoir saisit le stylo-bille des pattes de Lapinou, le savant fou traça des lignes à la base des oreilles, autour des yeux, sur la gorge, puis se fit une partie de Tic Tac Toe sur la table.
-Cie.
-Cie!
Si, si! Il entreprit de cier une oreille de sa femme... Puis deux... Puis trois... Ah non, celle-là était au chef. Il entreprit de couper la quatrième oreille, fronça les sourcils lorsqu'ils réalisa qu'elle était incieable, puis saisit la hache que lapinou lui tendait. Cela fonctionna.
-Pince.
-Pince!
Il saisit un oeil, puis tira jusqu'à ce que le nerf oculaire soit complètement tendu et demanda à Igor de couper avec les ciseaux. Il répéta l'opération pour les quatre autres yeux. Oups, il s'en était coupé un.
-Fil!
-Fil.
-Aiguille!
-Aiguille.
Il se recousut l'oeil. Le chef se réveilla et s'exclama :
-Mais attend, c'est nous qu't'es en train d'opérer!
-J'suis occupé là.
Et Lapinou assena un coup de bâton de hockey sur la tête de l'(ex-) chef, pensant uniquement à son bien.
Ce fût ensuite au tour des cordes vocales.
-Cie.
-Cie!
Il cia le long de la ligne qu'il avait tracé, afin de leur ouvrir la gorge.
-Pince.
-Pince!
Le ''chirurgien'' arracha d'un coup sec les cordes vocales avec la pince. Il s'essuya le front, barbouillant son visage de sang, puis s'écria :
-On peut recoudre!
-Quoi?! dirent les lapins avec stupeur, ne voyant pas l'opération.
-On peut résoudre, s'empressa de corriger Igor. C'est une vraie énigme ces cérémonies magiques. Allions, continuions, continuions!
À l'aide du fil et des aiguilles, le savant fou put mettre en place les organes sur leur nouveau propriétaire.

Cet acte de boucherie vous a été présenté par la boucherie Igorgeur et Fils, sur la Toile Jaune dans Spidycity.